Vous saviez qu’on peut trouver de l’argile autour de nous ? Selon les régions et les reliefs elle est plus ou moins abondante. Néanmoins, on ouvrant l’oeil on peut en dénicher. A l’atelier, toute l’année (mais le printemps est plus propice à relancer cette part de mon activité) je travaille la terre sauvage. En partie seulement.
Alors pourquoi en partie ? Comment est-ce que je trouve de l’argile sauvage ? Comment je la travaille ? Entrez dans mon antre de sorcière, euh, de céramiste et suivez mes folles aventures !

Trouver le Graal !

L’argile est une substance quasi-imperméable. Aussi quand on voit, dans un champ ou une prairie, une zone où l’eau ne semble pas s’infiltrer profondément, c’est bon signe. Mais il m’est arrivé de puiser de l’argile profondément sous le sol visible. Sur la photo aérienne en dessous de ce paragraphe, on me voit avec un ami dans un champ. Ce champ est le sien et en plantant ses arbres il est tombé sur une veine gris-blanc d’argile. Ni une ni deux, nous y sommes retournés, évidemment 😉

J’ai la chance également de vivre dans la Manche. Non loin des magnifiques côtes et de la baie du Mont Saint Michel. Sur divers plages et havres on y trouve une gadoue vert pétrole qui colle aux pieds. Chez nous on appelle a de la tangue. Comme elle est collante, j’ai eu l’idée d’en récupérer un pour tester une cuisson (dans mon fameux petit four de test « Hobby Junior » dont les résistances sont ensachées dans des tubes lui évitant une dégradations de celles-ci). Par ailleurs, parfois les habitants/voisins me ramène un peu d’argile dont de la rouge qu’on trouve à une dizaine de kilomètres de mon atelier. Et pour finir, je puise également de toute petites quantités çà et là, dans le lit des rivières. Je ne fais qu’une seule pièce en général avec ces petites quantités.

Est-ce légal de récolter de l’argile en pleine nature ?

Il y a deux aspects dans cette question. Dans un premier temps il est question de la propriété de la parcelle / du lieu et dans un second temps il est question du droit de récolte sur des zones publiques.
Sur les propriétés privées :

Sur les parcelles et espaces privés, forcément on ne peut pas se pointer et prélever de l’argile comme ça. Les parcelles où j’ai prélevées sont celles d’amis, ou même chez moi.

Sur les lieux publics :

Ensuite concernant les espaces publics (comme la tague que j’ai prise sur le havre, en bord de mer). Je vous avoue que je n’ai rien trouvé de précis. Seulement, j’ai posé la question aux services de protection de l’environnement, sur des forums, etc… et globalement ce qu’on sait sont les éléments suivants – et c’est du bon sens :

• Il est possible de prélever de petites quantités
• Il est possible de prélever très peu souvent
• Il faut éviter de propager le lieu afin d’éviter le « pillage »
• Il faut prélever avec respect, notamment sans laisser de déchets derrière nous, en rebouchant les trous, et en évitant de dénaturer le site

Bref ça doit rester une activité ponctuelle, artisanale et respectueuse.

Pourquoi récolter de l’argile sauvage ?

De prime abord vous devez penser que c’est par souci financier. Après tout, c’est de l’argile gratuite. Mais quand vous saurez le temps que prend la préparation de l’argile… je pense que vous comprendrez que ce n’est pas une question d’argent ! Dans un autre article je vais vous expliquer et vous montrer comment je prépare l’argile.
Non, récolter l’argile en pleine nature n’a pas de vocation pécunière. Mais plutôt « philosophique ».

Faire partie d’un tout et maîtriser la totalité d’une chaîne créative

Imaginez que vous pouvez, à partir de la matière la plus basique et en même temps la plus universelle (elle est partout sur Terre et depuis des milliards d’années) produire un objet. Quelle satisfaction ! Tout faire. Tout produire. Tout décider, de bout en bout. (enfin presque… l’argile et le feu n’en font souvent qu’à leur tête !). Comme un alchimiste transforme la matière. En fait c’est ça. Nous sommes des alchimistes dans ces moments-là. Et depuis la nuit des temps, transformer la matière (l’âme à tiers) captive. Et j’en suis 😉

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