Façonner le temps, habiter le geste
« La lenteur est beauté, quand elle épouse le rythme des choses. »
— Christian Bobin
Il y a dans l’argile quelque chose qui ne se presse pas.
Une mémoire ancestrale.
Un silence qui prend forme.

Dans mon atelier, le temps s’étire. Il ne se compte pas en minutes productives, mais en gestes répétés, en silences pleins, en lenteur habitée.
Je travaille lentement. Non pas par calcul, mais par nécessité intérieure. Parce que je ne sais pas faire autrement dès lors qu’il s’agit de mon art-isanat. Intérieurement je bouillonne mais extérieurement, je m’équilibre par la paix et la sérénité. Parce que je crois qu’il faut du temps pour que les choses prennent forme avec justesse. Comme une terre qui a besoin de pluie, puis de soleil. Comme une graine qui germe sans se montrer tout de suite.
Une attention à chaque souffle
Je modèle à la main, sans tour, sans hâte. Chaque pièce commence par une écoute. Celle de mes mains, de la matière, de ce que je ressens dans le moment.
L’argile que j’utilise provient de mon producteur au Molay-Littry, à 30 minutes de mon atelier. D’autres, je les ai ramassées ici, près des rivières ou des bois. Elles demandent un rythme. Le leur. Et je m’y ajuste. Je regarde sécher. Je laisse vivre. J’accepte que parfois, une pièce se fissure ou m’échappe. C’est le jeu de la lenteur : il ne garantit rien, sinon la présence.
Faire moins. Faire mieux.
Je ne cherche pas à produire. Je cherche à faire naître.
Dans un monde où tout va vite, où l’on demande des rendements, des réponses immédiates, choisir de ralentir devient un acte. Un refus doux. Un ancrage.
Je crois qu’on peut créer différemment. En respectant le vivant. En prenant le temps de bien faire. En laissant la main dire ce que la machine ignore.
Combien de temps pour une pièce ?
Combien de temps pour faire un vase ? Un carillon ?
Je ne sais jamais quoi répondre.
Parce qu’il y a le temps de faire.
Mais aussi le temps de regarder. Le temps de douter. Le temps d’attendre que la lumière revienne. Le temps de percevoir que l’atmosphère n’est ni trop sèche ni trop chaude. Le temps d’écouter le vent passer dans les feuillages aussi.
Et tout cela, je le compte aussi. C’est l’ADN de mon atelier, de mes créations.
Une pièce née lentement
Certaines de mes créations portent cette lenteur en elles, comme une empreinte.

Un galet pique-fleurs en grès noir, par exemple. Il a été façonné doucement, à la main, sans tour. Il a séché lentement, au rythme de l’atelier. Il porte en lui le souffle des jours calmes.
Cette pièce fait partie de la collection TERRA.
Elle a été façonnée avec de l’eau de pluie et une terre brute, patiemment apprivoisée.
🌿 Découvrir la collection TERRA
Pour celles et ceux qui veulent prendre le temps
Merci de lire ces mots, qui, comme mes pièces, ne courent pas.
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