Quand l’artiste et l’artisan ne faisait qu’un…

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TEXTE NON STRUCTURE VOLONTAIREMENT — ici c’est un partage de pensées, de recherches…

De nos jours on oppose souvent l’artisan à l’artiste. D’ailleurs administrativement l’un s’enregistre auprès de la chambre des métiers et de l’artisanat l’autre auprès de la Maison des Artistes et possède son propre organe collecteur de ses cotisations (l’URSSAF du Limousin). Pour autant parfois la limite est poreuse. Qu’en était-il autrefois ? Et est-ce que cette séparation des « castes » existe aussi ailleurs ?

A l’Antiquité, on évoquait un concept. Celui de la Technè. La Technè évoque la production ou l’action efficace. Ce concept philosophique structure la pensée par laquelle « la Technè » intervient dès lors que l’expérience et le savoir-faire permettant une production découle d’une multitude d’expériences. Pour simplifier on pourrait dire que le concept de « Technè » intervient dès lors qu’il y a rencontre la pensée, le savoir et le geste. Autrement dit, un bon manuel est aussi un bon penseur… Platon et Socrate utilisait ce terme de « Technè » pour évoquer tout savoir-faire cognitif (sculpteur, musicien, médecin, ébéniste…) et chaque Technè repose sur le « logos » tourné vers un but. Vous me suivez toujours ? J’ajoute que, et je trouve cette différence intéressante, pour Aristote, la Technè valorise l’action qui est transmissible (sous-entendu l’action par le geste pour transmettre un savoir ????)

On voit donc souvent que La Technè est liée au « logos » autrement dit la pensée ou la pensée dirigée vers un but. On peut alors estimer qu’à l’Antiquité celui qui maîtrise un savoir-faire est celui qui est également passé par les étapes du « pourquoi » ou « pour quoi » (en plus du comment), celui qui fait et qui produit à partir de sa pensée en s’appuyant sur ses expériences, dans le but de produire quelque chose, entreprendre un acte.
(Réf ici, sur wikipédia). La Technè recouvrait à la fois la poésie, la métallurgie, l’architecture, la médecine… Autrement dit autant de domaine, de nos jours apparemment « loin » et opposés : les artisans VS les intellectuels. Il y a un article sur ARTEFACT qui traite de ce concept mais qui évoque en plus une notion étymologique que je trouve pointue mais extrêmement éclairante. Cela concerne le lien entre la pensée construite, la construction de l’objet ou l’acte vers laquelle la pensée était tournée et la condition humaine de l’être qui a allié les deux. Je vous conseille d’y jeter un coup d’oeil si cette notion vous intéresse (c’est ici)

Comme on peut le constater, eu surtout après avoir lu les références, « Technè » est pourvu d’une grand richesse sémantique, incluant une dimension sociale, anthropologique et symbolique. La pensée moderne nous pousserait à transcrire cette notion de Technè à celle de la « technique » ou le savoir-faire, par opposition à la pensée, à ce qui anime les artistes ou les intellectuels. Alors que jusqu’au XVIIIème siècle il n’y avait point de distinction. Eh non !

De la compétence à la séparation des « arts »

Larry Shiner dans son livre « l’invention de l’art » expose que les arts ou Beaux-Arts est une invention moderne du XVIIIème due aux changements sociaux de cette période. Il n’est pas le seul, semble-t-il à exprimer cette pensée. Sur cette synthèse Wikipédia vous pouvez retrouver l’essentiel de cette étude. Mais ce qui est intéressant de relever, à mon avis, est que finalement la séparation entre la manuel – artisan et le penseur – artiste (ou le manuel vs l’intellectuel) est un artefact de la période et de la culture à partir desquelles on analyse ce phénomène. Dans une société moderne, normée et codifiée sur le plan administratif, juridique, scolaire etc… comme notre société actuelle, les termes « manuel/artisan » et « intellectuel/penseur/artiste » sont nécessaires (impôts, URSSAF, INSEE…) mais que rien ne nous oblige sur le plan anthropologique et philosophique à se ranger d’un côté ou de l’autre.

Moi je plaide et crois qu’il n’y a pas de bon artisan sans bon penseur. L’acte de conceptualiser une finalité tout en créant mentalement le cheminement technique de réalisation faisant appel à des compétences pour y parvenir fait alors naître un état d’alliance que les japonais nomment – je crois – le « waza ». On voit donc bien là que le séparatisme est bien un artefact puisqu’au Japon ils ont même un terme pour évoquer cet état d’alliance (que nous avons perdu). Et au Japon on constaterait (je l’ai lu, mais n’ai pas voyagé au Japon – alors si quelqu’un a une expérience sur la question je suis preneuse) qu’il n’y a pas de dédain ou dégout à réaliser des tâches manuelles comme balayer, nettoyer, tisser ou repriser, etc… Aussi si la tâche dite manuelle ne revêt pas de caractère inférieure, je pense que ça aide aussi à ce qu’il n’y ait pas de séparatisme.

FIN DE MA RECHERCHE (pour le moment) – 1er aout 2025

ThèmePoints clésRéférence
Unité antique du savoir-faireTechnè = réflexivité, finalité, savoir pratiquéPlaton, Aristote OpenEdition Journals
Pas de hiérarchie « artiste vs artisan »Jusqu’au XVIIIᵉ, pas de distinction institutionnelle significativeShiner Wikipédia
Sophistication technique et penséeTechnè est un objet anthropologique, pas marginal en société grecqueVernant, Détienne et autres historiens OpenEdition Journalsbooks.openedition.org
Relecture moderne du geste manuelLa techne a été dévalorisée en tant que simple habileté, séparée du politique, du savantScolastique, Heidegger, Simondon, Habermas WikipédiaWikipédia


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