Ce n’est pas tant dans la décoration d’intérieur que le wabi-sabi m’intéresse mais plutôt de constater comment ma pratique, ma vision de mon artisanat, mes valeurs et ma production s’inscrivent dans une culture, une philosophie connue et reconnue : le wabi-sabi
Loin de moi… mais pas éloigné !
Quand j’ai débuté, je me suis très vite rendue compte que j’étais attirée instinctivement par les pièces « biscornues ». Celles qui gardaient la trace de l’artisan, les pièces uniques où l’on sentait le rapport direct et franc de la main, sans artifice. J’aimais ces pièces. Et j’aimais les faire aussi. C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle je n’utilise pas de tour. J’étais loin d’imaginer que cette observation faisait pleinement partie d’une culture au Japon…

D’autres céramistes avec cette tendance
Tout en produisant mes céramiques artisanales, je me suis rendue que je n’étais pas la seule à produire au pincé, ou des pièces sculptées. Des céramiques artisanales avec mes empreintes, parfaitement imparfaites. Mais alors qu’est-ce qui nous relie, qu’est-ce qui nous encourage et nous motive à produire ce « genre » de pièces, bien loin des standards industriels dont nous sommes abreuvés ? Pourquoi et comment sommes-nous captivés par cette forme de beauté ?
Le wabi-sabi, une culture dans laquelle je m’inscris
Je ne suis pas une spécialiste du wabi-sabi. Je pense qu’il faut avoir grandi au Japon pour en percevoir toutes les subtilités. Mais ce dont j’ai compris et ce qui s’applique à ma pratique sont les éléments suivants :
- Simplicité et naturel : La culture/philosophie du wabi-sabi explique que le beau ne réside pas dans la fioriture mais bien dans le naturel qui nous entoure. Dans la matière, les aspects d’une pierre, la texture des argiles… Je suis en quête de ce beau différent. Mon beau est dans une proposition d’harmonie entre une texture rugueuse et une couleur par exemple. C’est un beau d’émotion. Sans chichi.
- La célébration de l’imperfection : Le wabi-sabi fait prendre conscience que rien n’est parfait. Ni les gens, ni les moments. Mais que l’accepter et lâcher-prise permet de voir les choses différemment et même de percevoir d’autres éléments ou paramètres. Mes objets créés célèbrent cet aspect : l’imperfection rendant la pièce unique et poétique.
- L’authenticité et le lien homme/matière : En travaillant la terre directement, sans intermédiaire (je considère le tour comme un intermédiaire) je me connecte directement à la matière-mère. Je modèle consciemment. Et mes pièces embarquent avec elle ce lien profond et cette énergie.

Ode à la lenteur, célébration du beau unique et différent
Dans mon atelier, je façonne doucement, avec conscience. Sans contrainte, sans injonction. Je produis des pièces intuitives. Je fais confiance à ma main et au lien que j’établis avec l’argile qu’elle soit sauvage ou non. La poésie – comme celle de mon amie Aurore – est simple mais profonde. Sans ajout de choses futiles. Juste utiles à l’esprit…


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